Patrick Jimena : un long discours et un recours
La Dépêche du Midi – 5 avril 2014. Trente secondes après son élection, Karine Traval-Michelet a donné la parole à ses deux opposants, «dans un souci de démocratie». Et quand on la donne à Patrick Jiména, on sait que ça va durer. «Je ferai plus court» a ironisé ensuite Damien Laborde. Car pendant vingt minutes, le chef de file de «Vivre mieux à Colomiers» qui estime «avoir une image positive, avoir tout donné à la ville depuis 25 ans» a refait la campagne, avec un rien d’emphase et d’égocentrisme.
Pour lui, «ce qui marquera l’histoire politique de la ville», ce n’est pas la première élection d’une femme maire, c’est «le fait que 5900 habitants se soient identifiés au futur désirable, au changement démocratique vivifiant, ont épousé l’espérance d’un jour nouveau». Il n’a visiblement pas digéré «l’écart infime, ces 198 voix qui nous ont séparé, qui vous donnent la majorité au conseil municipal, mais pas en ville». Fier de ses colistiers «propres, dignes, au-delà des partis», M. Jiména vilipende la majorité «qui a cogné très fort entres les deux tours», aurait proféré «un tissu de mensonges, des rumeurs instituées par la peur» avec un «maire sortant qui, comme d’autres, n’a pas hésité à diffamer et à insulter des colistiers qui se sont sentis en danger».
Stupéfaction unanime dans les rangs de la majorité. Huées et sifflets majoritaires dans le hall de l’hôtel de ville, où 300 personnes regardaient la séance sur écran géant.
Devant la «gravité des faits», Patrick Jiména a déposé un recours hier devant le tribunal administratif et à la préfecture. Il met en cause des «abus de faiblesse», la distribution tardive d’un «magazine culturel municipal» assortie d’appels à voter «Générations Colomiers» et un tract syndical, intra-municipal, qui aurait été «manipulé» et pas rédigé par le secrétaire du syndicat : «Tous les moyens ne sont pas bons pour gagner des voix». «C’est du théâtre. On ne s’associe pas au monde du spectacle» fustige Damien Laborde, avant les votes d’adjoints. L’annonce du recours ne trouble pas Karine Traval-Michelet : «Je suis juriste, j’ai veillé à ce que les règles soient respectées. Je suis sereine, j’ai confiance en la justice, dans les citoyens qui ont tenu les bureaux de vote». L’instruction du recours devrait prendre deux mois.
J.-F. L.-G