Pour la liberté des semences, Maraichers, biodiversité et sécurité alimentaire en danger !

Résolution adoptée par le Conseil Général de la Haute-Garonne suite à une proposition de Patrick JIMENA, conseiller général EELV du canton Toulouse XIII, le lundi 24 juin 2013. Le Conseil Général de la Haute-Garonne entend alerter les citoyens et interpeller l’Etat sur les dangers de la privatisation de la production des semences.

Chacun sait que le Conseil Général de la Haute-Garonne affirme régulièrement sa volonté de préserver la biodiversité, seule garante de la survie de notre propre humanité. D’autre part, le Conseil Général soutient les agriculteurs notamment ceux qui s’inscrivent dans une agriculture locale, raisonnée ou biologique. Et lors de notre dernière session, nous avons décidé d’interdire les OGM dans toutes les cantines de nos collèges.

Malgré ces décisions, depuis quelques mois, non sans émoi, des petits producteurs de notre régionont fait l’objet de pressions de la Direction Générale de la Concurrence et de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DGCCRF).

En effet, le 17 mai dernier des petits maraichers ont reçu la visite d’un agent de la répression des fraudes sur le marché de Lavelanet (09). Leur délit ? Vendre des plants de tomates non inscrits sur le catalogue officiel des semences et ne pas disposer de la carte du Groupement National Interprofessionnel des Semences (GNIS). Ils encourent une amende de 450 euros.

Bien que pour les maraichers qui ne produisent que 10 000 plants par an la carte du GNIS soit gratuite, cette visite révèle une logique de fichage de toutes les activités et de toutes les personnes qui échappent au contrôle des multinationales.

Un système de brevetage du vivant s’est donc installé insidieusement depuis plusieurs années. Entre 1954 et 2002, 80 % des variétés potagères ont été radiées du catalogue. Des 876 variétés potagères inscrites en 1954, il n’en restait plus que 182 au catalogue officiel français en 2002. La raison de ces radiations ? Le poids de l’industrie semencière, qui, depuis cinquante ans, cherche à standardiser les semences pour les adapter partout aux mêmes engrais et pesticides chimiques.

En plus d’éradiquer la biodiversité alimentaire, les semences brevetées ont également annihilé les droits des paysans à conserver, produire et échanger leurs propres semences.

Dans la plupart des pays du monde y compris la France, de nouvelles lois semencières sont introduites imposant l’inscription de variétés semencières dans des catalogues nationaux – induisant par là-même l’impossibilité pour les petits paysans de cultiver leur propre diversité et les faisant plonger dans l’esclavage du marché captif mis en place par les multinationales de la semence.

La contamination génétique se répand. L’Inde a perdu ses semences de coton à cause de la contamination générée par le coton OGM Bt tandis que le Mexique, le berceau historique du maïs, a perdu 80% de ses variétés traditionnelles de maïs. Et ce ne sont que deux exemples de perte d’héritage semencier local ou national.

Plus l’érosion des ressources génétiques des paysans s’accroît, plus les paysans deviennent dépendants des semences brevetées et plus ils s’endettent. De très nombreux paysans de l’Inde ont été poussés au suicide de par leur endettement généré par le coton Bt.

Face à cette réalité, nous faisons notre les revendications du mouvement « Pour une alliance planétaire pour la liberté des semences ».

En effet, alerter les citoyens et les gouvernements, du monde entier, quant à la précarité sans cesse croissante de l’approvisionnement en semences – et, par conséquent, quant à la précarité sans cesse croissante de la sécurité alimentaire, devient un impératif pour tous les Etats et tous les citoyens. De même que protéger la diversité de nos semences et les droits des fermiers à conserver, produire et échanger librement leurs semences.

Pour ce faire, nous nous devons de dénoncer les accords internationaux sur la protection des droits intellectuels (ADPIC) – conclus dans le cadre de l’OMC et négociés au cours du Cycle d’Uruguay qui s’est tenu de 1986 à 1994 – qui ouvrirent la porte à l’introduction des chimères transgéniques, des brevets sur les semences et du système de royalties.

Un représentant de Monsanto déclara ultérieurement à ces accords: «lorsque nous avons conclu ces accords, nous étions à la fois le patient et le médecin conférant le diagnostic et la thérapie». Les multinationales diagnostiquèrent une pathologie, à savoir la capacité des paysans à conserver leurs semences. Et elles préconisèrent une thérapie, à savoir l’introduction de brevets et de droits de propriété intellectuelle rendant illégale la conservation de leurs propres semences par les paysans. La semence, en tant que ressource collective, devint une marchandise commercialisée sur les marchés par les multinationales semencières.

La disparition de notre biodiversité et de la souveraineté de nos semences est en train de générer une crise majeure dans l’agriculture et dans la sécurité alimentaire de la planète entière. Il nous faut agir avant qu’il ne soit trop tard.

http://www.patrickjimena.fr/voeux-du-24-juin-2014/

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