Pourquoi nous sommes dans l’opposition de gauche à la municipalité

21 janvier 2013

A Colomiers, la vie politique est dominée par un parti aux manettes depuis l’après-guerre. Les pionniers avaient su faire évoluer avec intelligence le village d’alors en une ville nouvelle importante tout en privilégiant la taille humaine. Ils étaient animés d’une vision émancipatrice et sociale pour l’ensemble des habitants. Mais depuis dix ans, l’histoire s’est figée. La vie politique s’est sclérosée et s’est confondue avec une « mairie-château », des inaugurations officielles et des grands-messes…

Jusqu’à ce qu’un jour de mars 2011, le grain de sable citoyen et écologiste enraye la belle machine socialiste locale. L’espoir d’un jour nouveau pour notre commune se dessinait enfin.

Les élections cantonales de mars 2011

Le groupe EELV de Colomiers existe depuis près de deux ans. Sa création a suivi de près l’élection de Patrick Jimena aux élections cantonales de mars 2011 face au candidat investi par le parti socialiste columérin. Cette victoire d’EELV dans l’un des fiefs socialistes de Midi-Pyrénées fut la première brèche dans le système clientéliste dont le candidat socialiste, par ailleurs premier secrétaire de la section du PS de Colomiers, était l’incarnation.

Lorsque le groupe EELV s’est fondé, les relations avec le PS local étaient déjà très tendues, d’autant que la campagne des cantonales avait pu mettre en lumière des divergences notoires, tant sur les valeurs que sur les projets. Le candidat socialiste récusait même la pertinence d’une candidature écologiste puisque le PS et les Verts étaient « alliés » au sein de la municipalité… Et pour le second tour, le PS estimait que le candidat écologiste devait se retirer afin d’assurer une élection du candidat socialiste avec 100% des voix… En démocratie, ce sont les électeurs qui choisissent et ils ne se sont pas privés de marquer leur préférence.

Clarifications avec les élus écologistes

Très rapidement, le groupe EELV a été confronté à des relations conflictuelles avec les élus écologistes de la majorité municipale. Ceux-ci avaient été élus en 2008 sur la liste du maire dans le cadre d’une liste de « gauche plurielle ». Malgré les désaccords du groupe avec certains choix de la municipalité, ces élus écologistes ne formulaient aucune critique et votaient toujours dans le sens de la majorité municipale. C’est ainsi qu’à Colomiers, sur certains dossiers, deux positionnements d’EELV étaient rendus publics, celui du groupe et celui des élus…

Cette situation ne pouvait plus durer. Les instances régionales d’EELV ont alors invité les élus EELV à prendre leurs responsabilités. Deux d’entre eux ont logiquement démissionné du parti en septembre 2012 et sont désormais des élus « écologistes indépendants » au sein de la municipalité. Le troisième élu, en phase avec le groupe local EELV, exprime désormais la position de ce dernier au sein de la municipalité.

Le Conseil Municipal du 20 décembre 2012

Lors du Conseil municipal du 20 décembre, l’élu EELV s’est abstenu lors du vote du budget 2013, tout comme les trois élus du Front de Gauche, celui du Modem, et le maire-adjoint socialiste en charge de l’éducation. La Dépêche du Midi du 22 décembre titrait justement sur l’éclatement de la majorité municipale. Un événement sans précédent dans l’histoire politique de la commune et qui constitue la seconde brèche d’importance dans la forteresse socialiste locale après celle des cantonales.

Outre la question sensible de l’école, l’élu EELV a mis en avant les inconséquences des choix de la municipalité. Celle-ci n’a cessé de livrer à la voracité des promoteurs les dernières zones naturelles de la commune. Des constructions toujours plus nombreuses, sans projet urbain et social, ont ainsi fleuri, défigurant davantage la ville soumise à un bétonnage sans précédent que nous avons dénoncé ouvertement lors d’une manifestation le 20 mai 2012. Mais surtout un développement démographique qui a été poursuivi sans la mise en place d’équipements suffisants pour faire face aux besoins de la population. Le 20 décembre, nous avons souligné cette absence d’anticipation du budget 2013.

Loyauté = soumission

Face à ces désaccords exprimés publiquement, le PS local invoque en permanence le devoir de loyauté et de solidarité des « partenaires » de gauche de la municipalité. Au nom de cette règle, il ne faut surtout rien dire, si ce n’est acquiescer et remercier… Exprimer un désaccord, c’est forcément entrer en dissidence. C’est inévitablement être un traître à son camp. Lorsqu’un parti politique dominant la ville depuis cinquante ans n’accepte pas la critique, la divergence et même l’opposition, il est légitime de se demander si ses responsables respectent encore les valeurs et les principes démocratiques.

Aujourd’hui, le parti socialiste local paie le prix de l’arrogance et du mépris qu’il a semés depuis de longues années. Pourtant, « ils » nous avaient dit avoir compris le message des élections cantonales… Il n’en a rien été. On ne change pas d’un claquement de doigt des décennies de pratiques autoritaires et brutales. Le manque de respect pour les « partenaires » considérés comme des faire-valoir, l’absence persistante de vrais débats qui auraient permis, dans des échanges constructifs, d’exprimer des divergences, ont fini par susciter une révolte sans précédent au sein de la gauche municipale. .

En résistance

Lors des cantonales, nous avions réalisé que la chape de plomb qui régnait sur cette ville suscitait de la peur, de la méfiance et du repli sur soi chez de nombreux citoyens, des responsables associatifs, mais aussi les agents municipaux qui n’osaient dire tout haut ce que beaucoup pensaient tout bas. L’espoir suscité par la candidature de Patrick Jimena avait permis de commencer à libérer la parole citoyenne, trop souvent bâillonnée, et de libérer des énergies qui ne demandaient qu’à s’exprimer pour participer activement à la vie de la commune.

C’est ainsi qu’EELV Colomiers s’est construit dans la résistance au système clientéliste incarné par le parti socialiste. C’est pourquoi, sans surprise, EELV se situe aujourd’hui clairement dans l’opposition de gauche à cette municipalité, malgré les menaces permanentes du parti dominant vis-à-vis de l’élu EELV.

Nos désaccords sont suffisamment établis pour ne pas être complices d’une politique si peu progressiste et si peu écologique : absence de démocratie locale, urbanisation galopante, équipements et services insuffisants, politique scolaire catastrophique, personnel municipal exploité et peu respecté, etc. Nous ne voulons donc pas continuer à nous laisser instrumentaliser dans une vague notion de « partenaires », prétextes à tous les abus du parti dominant vis-à-vis de ses « alliés ».

Proposer une alternative

Pour les prochaines élections municipales de 2014, une chose est sûre : nous ne ferons pas alliance avec le parti socialiste de Colomiers. Nous serons présents pour construire une alternative de gauche, ouverte sur la société civile, qui rompe avec les pratiques dominatrices et qui propose un nouvel horizon aux columérins.

Colomiers a besoin de s’émanciper de l’emprise de dirigeants columérins usés qui ne sont plus en mesure d’apporter renouveau et confiance. Colomiers a besoin de respirer et de s’ouvrir. Les columérins ont soif de respect et de mieux-vivre. Il leur appartient désormais de se mobiliser pour tourner la page de l’ancien monde et d’écrire une nouvelle page de l’histoire de la ville.

Laissez un commentaire

Remonter